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Nouvelle-Zélande Les effets inattendus de la fin de l'élevage des poules en cage

La fin des élevages de poules en batterie en Nouvelle-Zélande se traduit par une pénurie d'oeufs dans le pays (photo d'illustration).

La Nouvelle-Zélande est confrontée à une pénurie d'œufs, conséquence surprenante de l'interdiction de l'élevage des poules pondeuses en batterie.

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Depuis le début de janvier, les supermarchés néo-zélandais font face à une pénurie d'œufs. Déjà la fin de décembre, les supermarchés limitaient les possibilités d'achat. La radio publique néo-zélandaise RNZ témoignait le 27 décembre 2022 que le supermarché Pak'n'save de la capitale Wellington restreignait les achats à deux boîtes par client.

Des rayons vides dans les supermarchés

D'autres supermarchés de la région présentaient des rayons totalement vides. Huit jours plus tard, le même média relayait l'appel de détresse des industries agroalimentaires du pays qui font face à des hausses de prix successives : +27 % en août, +13 % à la fin de novembre et, là, carrément la pénurie. Bernie Sugrue, le président des boulangeries industrielles du pays, estime "que cette pénurie arrive vraiment au mauvais moment".

"Où sont donc passés nos œufs ?" s'interroge le 10 janvier 2023 le magazine branché Spinoff. Il écarte la piste de la grippe aviaire comme on peut la connaître en Europe. Même si l'épidémie et la guerre en Ukraine expliquent une bonne part de la hausse des prix, c'est plutôt du côté d'une vieille loi qu'il faut chercher.

Élevages en batterie

En 2012, le gouvernement néo-zélandais adoptait une loi pour interdire les élevages de poules pondeuses en batterie. Les défenseurs du bien-être animal militaient pour son application immédiate. Mais le gouvernement a entendu les arguments qui demandaient un temps pour permettre aux éleveurs de prendre les mesures adéquates. À l’époque, 84 % des œufs vendus en Nouvelle-Zélande provenaient d'élevages en batterie, selon la fédération des producteurs. Les autorités ont alors accordé un délai de dix ans pour l'application pleine de la loi. Donc, jusqu'à la fin de 2022.

Et ça a très bien fonctionné. En décembre 2022, ce type d'élevage ne représentait plus que 10 % de la production nationale. La mise en application de la loi en 2023 ne devrait donc pas avoir un tel effet de manque dans les rayons. Et pourtant, la fédération des producteurs d'œufs calcule que le pays ne produit que 2,5 millions d'œufs alors que la demande nationale se monte à 2,8 ou 2,9 millions.

Départs du métier

Alors que s'est-il passé ? En 2017, deux chaînes importantes de supermarchés, Woolworths et Foodstuffs, annoncent leur décision de n'accepter que des œufs issus de plein air ou au sol (barn raising, peu répandu en Nouvelle-Zélande) dès 2025 et 2027. Cette décision rend, de fait, caduque la possibilité des élevages en cages collectives d'une soixantaine de poules (colony)  alors qu'elle était inscrite dans la loi de 2012.

© Egg producers federation - La différence entre un élevage en batterie et un élevage en cage libre d'une soixantaines de poules.

Le directeur de la Fédération néo-zélandaise des producteurs d'œufs, Michael Brooks, explique au quotidien d'Auckland NZ Herald : "Cette annonce a eu l'effet d'une bombe. Un tiers des producteurs étaient déjà passés aux cages collectives. Pour passer à l'élevage sans cage, il faudrait carrément réinvestir dans une nouvelle ferme. Beaucoup d'éleveurs ont préféré quitter le métier." Ce qui explique le manque d'œufs du moment.

Recherches de poules

Encore plus surprenant bien qu'anecdotique, le site de vente entre particuliers Trade Me (une sorte de Bon Coin local) a remarqué autour du 5 janvier la forte augmentation des demandes de poules, doublant les prix en quelques jours : les Néo-Zélandais cherchent à remplacer les boîtes d'œufs manquantes par des élevages domestiques de poules dans les jardins de leurs pavillons.

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